Coup d'œil : Les tarifs douaniers en perspective
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PERSPECTIVES No.9 | 4 février 2025
L'INDUSTRIE CANADIENNE DES MINERAIS ESSENTIELS REPREND SON SOUFFLE - POUR L'INSTANT
Il s'en est fallu de peu.
Il semble que, au moins pour les 30 prochains jours, le Canada, le Mexique et les États-Unis aient marqué une pause dans ce qui s'annonçait comme une guerre commerciale à laquelle il aurait été difficile de mettre fin. Les droits de douane prévus par le président Trump ont été mis de côté pour l'instant, offrant ainsi une brève fenêtre pour que les esprits se calment.
Alors que la plupart des exportations canadiennes étaient frappées par des droits de douane de 25 %, les minéraux essentiels comme le graphite naturel étaient soumis à un prélèvement de 10 %, un peu moins punitif mais tout de même préjudiciable. C'est peut-être une petite clémence, mais cela aurait tout de même été un coup dur pour nos clients et pour l'avenir de notre entreprise, et nous ne sommes pas encore sortis de l'auberge.
Pour ceux d'entre nous qui travaillent dans le monde du graphite et, plus largement, dans l'industrie canadienne des minéraux critiques, ce répit d'un mois est un soulagement, mais il nous rappelle aussi que nous restons fermement dans le collimateur d'une géopolitique mondiale qui n'a jamais été aussi tendue depuis des dizaines d'années.
C'est ce qui est ressorti très clairement de la journée que j'ai passée au Canadian Critical Minerals Opportunities Forum (CCMOF) à New York cette semaine, où l'enthousiasme des principales entreprises canadiennes du secteur des minéraux critiques et du public américain pour un avenir électrique n'a pas pu s'empêcher d'être atténué par l'anxiété qui règne au sujet des relations commerciales entre nos deux grandes nations.
S'il existait un doute sur le pouvoir des tensions géopolitiques à tempérer même l'enthousiasme mythique d'un mineur rêveur, il suffisait de prendre le pouls en ce jour particulier, dans l'ombre d'une possible guerre commerciale qui pourrait ne pas avoir de vainqueur.
La géopolitique est bien sûr mondiale et constitue une question importante. Les prix des matières premières sous-jacentes sont maintenus à un niveau bas par la surproduction de la Chine, qui tire parti de sa position dominante dans de nombreux minerais essentiels et rend presque impossible pour beaucoup d'entre nous de mobiliser les capitaux nécessaires pour faire avancer nos projets.
Nous le vivons dans le monde du graphite, où Northern Graphite est en fait un producteur qui cherche à accroître et à augmenter sa production, et j'entends des frustrations similaires exprimées par mes collègues dans les secteurs du phosphate et du lithium.
S'agit-il d'une surcapacité ou d'une manipulation ? Je pense que nous connaissons tous la réponse à cette question. C'est vrai pour les phosphates, c'est vrai pour le lithium et c'est certainement vrai pour le graphite.
Le résultat final ? Il existe peu de projets miniers essentiels capables de rivaliser avec la Chine, du moins pas sans un soutien gouvernemental important, ce qui crée un cercle vicieux. Les investisseurs privés hésitent parce que l'économie ne fonctionne pas dans les conditions actuelles du marché, et les gouvernements sont réticents à investir dans des projets miniers.
C'est là que nous, en tant qu'industrie, devons mieux vendre nos projets.
Il ne s'agit pas seulement de rivaliser avec la Chine, mais aussi d'assurer la stabilité économique, de sécuriser les chaînes d'approvisionnement et de veiller à ce que le Canada ait un intérêt dans l'avenir des minéraux essentiels. Le Canada doit renforcer son soutien à nos projets, mais nous devons fournir des retours tangibles sur cet investissement, pas nécessairement sous la forme de bénéfices, mais en termes d'emplois, d'activité économique et de sécurité de la chaîne d'approvisionnement.
À l'aube des 30 prochains jours, le secteur reste dans une situation d'attente. L'incertitude n'a pas disparu, elle a simplement été reportée. La grande question est de savoir quelles règles s'appliqueront à l'avenir. Pour l'instant, tout le monde est dans l'expectative, en espérant que le prochain cycle de négociations ne nous laissera pas une fois de plus dans l'embarras.
Hugues Jacquemin
Directeur général, Northern Graphite
Hugues Jacquemin est le PDG de Northern Graphite et a plus de 30 ans d'expérience en tant que cadre supérieur dans le développement d'entreprises de matériaux spécialisés pour le compte de sociétés cotées au Fortune 500 et de sociétés de capital-investissement.
La recherche, la rédaction et la production de Perspectives sont assurées par Northern Graphite.
